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Quatuor Terpsycordes

Le Quatuor Terpsycordes célèbre un quart de siècle rutilant

Tribune de Genève

Le Quatuor Terpsycordes célèbre un quart de siècle rutilant

C’est une histoire dont la profondeur se mesure comme tant d’autres: d’un simple coup d’œil. Un regard jeté sur les partitions cumulées au fil du temps, sur ces piles imposantes de feuilles minutieusement annotées, indique par exemple tout ce que le Quatuor Terpsycordes a labouré durant un quart de siècle. Ses conquêtes sur les vastes plaines de la musique de chambre sont là, amassées à vitesse constante et accompagnées de succès discographiques et de scène parfois retentissants.

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Histoire de couples

Mais vingt-cinq ans et quelque neuf cents concerts méritent bien une longue fête, à partager avec les mélomanes. Les événements à l’affiche, souvent curieux, intrigants, s’enchaîneront durant plusieurs mois. Et il y en aura autant que de bougies sur le gâteau. Voilà pour l’avenir proche. Le passé, lui, déroule ses formes, ses petits séismes et ses instants de gloire avec Girolamo Bottiglieri, premier violon et membre historique des Terpsycordes. Affable et aux propos qu’on croirait toujours finement pesés à la balance de pharmacie, le musicien remonte le fil jusqu’aux temps du Conservatoire, au mitan des années 1990. À l’époque, l’équivalent de l’actuel Master approchait et les étudiants en musique de chambre se cherchaient des affinités électives. Il fallait se réunir et croiser ses instruments, même brièvement, le temps de passer quelques examens. «L’altiste Caroline Cohen Adad a été cruciale à ce moment précis, se souvient le violoniste. Elle a identifié les pièces et les a assemblées. C’est ainsi que nous nous sommes trouvés.»

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Le mariage à seize cordes est acté. Il triomphe deux ans plus tard alors que la formation remporte le Premier Prix au Concours de Genève. «Nous avions dès le début de notre existence misé sur le répertoire classique et du début de l’époque romantique. Là, on gagnait une compétition de prestige en jouant le «Quatuor N° 1» de Ligeti. Ce qui a eu comme conséquence pour une partie importante du public de nous associer au répertoire contemporain. Or, nous n’avons jamais eu envie d’être des spécialistes de quoi que ce soit, bien qu’on ait travaillé avec des compositeurs comme Sofia Goubaïdoulina ou György Kurtág.»   

Départs et retours

Il y a eu, enfin, durant le quart de siècle écoulé, des secousses qui ont failli faire écrouler tout ce que le quatuor avait bâti. En 2015, Caroline Cohen Adad décide de se consacrer à sa famille. La formation perd alors un pilier qu’elle peine à remplacer. Quatre ans plus tard, c’est à François Grin de décider de donner une autre direction à sa carrière. «Pendant vingt minutes, je me suis dit que c’en était fini de nous, note Girolamo Bottiglieri. Puis, j’ai appelé Caroline et je lui ai proposé de revenir. Elle a accepté très vite, ce fut une évidence. Avec elle et un nouveau violoncelliste, Florestan Darbellay, que je connais et apprécie de longue date, nous sommes repartis sur un élan renouvelé.»

Des chantiers imposants et ambitieux attendent désormais ces archets. Une plongée dans les romantiques et les impressionnistes français, par exemple. Et la poursuite aussi des concerts consacrés aux «Quatuors» de Haydn, qui se prolongera jusqu’en 2028. Un nouveau quart de siècle débute donc. Il se profile aussi rutilant que le premier. 

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