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Quatuor Terpsycordes

Quatuor Terpsycordes au Victoria Hall

Scène Magazine

Quatuor Terpsycordes au Victoria Hall

Girolamo Bottiglieri et le Quatuor Terpsycordes
Entretien

Le Quatuor Terpsycordes fête cette année ses vingt ans. Cet anniversaire sera marqué par la parution d’un disque original consacré à René Gerber et Ernest Bloch, de même que par une carte blanche offerte aux musiciens le 2 avril prochain au Victoria Hall dans le cadre des Concerts du dimanche ; programme et participants au libre choix du Quatuor.

Une idée est à l’origine du projet, nous dit Girolamo Bottiglieri, premier violon du Quatuor Terpsycordes : inviter à nous rejoindre des amis et collaborateurs de longue date et pour ce faire, partir du quatuor pour parvenir au septuor en passant par le quintette et le sextuor.
Le Quartetto serioso op.95 de Beethoven est l’une des œuvres que Girolamo affectionne le plus. L’ayant considérée il y a environ quinze ans, lorsqu’il l’a découverte, comme « la plus belle des œuvres », il la met aujourd’hui plus réalistement au rang des chefs d’œuvre du répertoire. Il est toujours en admiration devant les qualités de synthèse, de densité et la puissance émotionnelle de ce quartetto écrit au cours d’une période historique difficile –la prise de Vienne par les Français-, et après l’échec du projet de mariage avec Thérèse Malfatti.
Cette pièce courte constitue une entrée en matière exigeante à la fois pour les musiciens et pour le public.
Après l’avoir intégrée à son programme un bon nombre de fois, le Quatuor a pris du recul par rapport à cette œuvre, qu’il est impatient de rejouer en cette occasion extraordinaire
Le Quintette avec piano d’Anton Webern est un chef d’œuvre méconnu. La plupart des chambristes ne l’ont jamais entendu, voire ne connaissent pas son existence. Girolamo Bottiglieri garde un souvenir émerveillé de sa rencontre avec cette œuvre de jeunesse, qu’Alexandre Lonquich lui avait fait découvrir à Aix-en-Provence il y a environ quinze ans. On sent, dit-il, que le monde de la tonalité bascule, mais que malgré la perte des repères tonals, la quête de la beauté mélodique survit.
Cédric Pescia tiendra la partie du piano. Girolamo l’a connu au Conservatoire de Genève et apprécie sa sincérité par rapport au texte, sa générosité, l’équilibre qu’il maintient entre lecture rationnelle et engagement émotionnel, et son grain de folie au moment du concert !

Autre pièce rarement présente sur les affiches, le Capriccio pour sextuor à cordes de Richard Strauss. Il constituait une chance d’inviter l’une des cofondatrices du Quatuor Terpsycordes, Caroline Cohen Adad, qui a l’an dernier laissé sa place à Blythe Teh Engström pour se recentrer sur l’enseignement et sur des engagements ponctuels avec diverses formations baroques. Cette oeuvre avait beaucoup touché Girolamo lorsqu’à l’occasion d’un stage il participa à son exécution, en formation d’orchestre de chambre, sous la direction d’Eric Bauer.
Dans cette version, les six musiciens conversent, évoquant de façon différente la même thématique. L’écriture est dense et chaque entité a une identité propre à affirmer : elle doit maîtriser sa propre partie, mais aussi celle des autres ! Il n’est parfois pas évident d’abandonner la priorité dans le discours, car ce n’est pas toujours clair dans la partition ! Schönberg, lui, mettait des crochets, et cela évite des discussions !
Le violoncelliste genevois Lionel Cottet apportera son concours ; il est considéré comme l’un des plus brillants de la jeune génération.
Dans Métamorphoses (septuor), la tâche est encore plus difficile, car chacun est chargé d’une part seulement de la thématique. C’est une pièce poignante, composée après la seconde guerre mondiale. Elle est cependant plus simple pour l’auditeur que la version originale pour 23 instruments, et donc 23 partitions différentes ! La contrebasse de Leigh Mesh complètera l’ensemble.

Le CD, Gerber et Bloch
Enregistrés à l’instigation de la Fondation Gerber, les trois quatuors du compositeur neuchâtelois René Gerber (1908-2006) se distinguent par leur caractère plaisant, tout en fraîcheur et en spontanéité, contrairement au Quatuor No2 d’Ernest Bloch, dont l’écriture fournie et savante demande une compréhension fine de la structure et un engagement émotionnel important.

D’après des propos recueillis par Martine Duruz, avril 2017, Scène Magazine